Interventions aux Séminaires Babylone

Michel SANCHEZ-CARDENAS - Les récits anti-dépressifs : à propos du Voyage au centre de la terre de Jules Verne – 20 octobre 2008 [83]

Michel SANCHEZ-CARDENAS
Psychiatre, psychanalyste
Les récits anti-dépressifs :
à propos du Voyage au centre de la terre de Jules Verne
Discutant : Yoann LOISEL

 

 

Jules Verne est un auteur souvent un peu déconsidéré. "Daté", "pour les enfants", "simpliste dans ses personnages"... sont des remarques régulièrement faites à son égard. Mais, à y réfléchir, peu nombreux sont pourtant ceux qui ont su, comme lui, faire de leurs héros des mythologies mondiales : d'un bout de la planète à l'autre "Vingt mille lieux sour les mers", "Voyage au centre de la terre", "Le tour du monde en 80 jours", etc. sont connus de tous, et le capitaine Nemo le dispute à Philéas Fogg en matière de célébrité. Il a donc bien fallu que Verne touche à des ressorts inconscients universels pour avoir su gagner une telle notoriété, qui dure depuis son temps.
Mais si des aspects manifestement libidinaux, oedipiens et de maturation adolescente sont sous-jacents Voyage au centre de la terre, c'est surtout sur la présence d'un "récit anti-dépressif" dans le texte que sera centré l'exposé. Ce récit "thérapeutique" passe par une fusion avec l'objet présenté comme perdu au début du livre. Cette réunion avec lui permet d'en faire ensuite véritablement le deuil pour aller vers une autonomie adulte. C'est un processus très souvent utilisé dans la littérature (James Bond contre dr No, Tintin au Tibet, Les aventures d'Alice au pays des merveilles...) et dans la mythologie.

Références bibliographiques
Michel Sanchez-Cardenas (2005). Voyage au centre de la terre-mère. Paris, Albin Michel
Michel Sanchez-Cardenas (2005). Jules Verne's Journey to the centre of the earth. The secret of counterdepressive narratives. Int J Psychoanal 86, 1695-1712.

Michel Sanchez-Cardenas est psychiatre et psychanalyste (SPP). Il vit et travaille à quelques centaines de mètres des lieux qui furent ceux de l'enfance de Jules Verne, à Nantes. A partir du souvenir d'enfance marquant pour lui du Voyage au centre de la terre, il a entrepris de défricher l'inconscient de ce récit. Il utilise en particulier pour cela les concepts d'Ignacio Matte Blanco, génial psychanalyste chilien (encore) trop méconnu dans notre pays.

Jean-Michel HIRT - L’envie du féminin dans Les liaisons dangereuses – 13 mars 2008 [67]

Jean-Michel HIRT
Psychanalyste et professeur à l’Université Paris-XIII
L’envie du féminin dans Les liaisons dangereuses

 

 

"Les Liaisons dangereuses" de Laclos constituent un aboutissement de la langue érotique du XVIIIe siècle, une écriture du féminin et un traité sur l'amour sexuel. Jamais la guerre de l'amour et l'amour de la guerre n'auront été aussi habilement relatés que par ce général révolutionnaire si épris de sa femme légitime. Mais comment est-il parvenu à cet exploit unique dans les lettres françaises? Comment est-il à la fois l'héritier des représentations mythiques de l'amour occidental et celui qui subvertit la connaissance des limites sexuelles du masculin?

Non content d'exposer les destins du féminin à travers les trois femmes qui déterminent le cours de la vie de Valmont, l'auteur permet d'analyser la nature du sentiment amoureux et des courants qui l'animent : la volupté, la tendresse et la cruauté. A partir des méandres épistolaires des relations entre amants, Laclos, impitoyable, propose à son lecteur non de rassasier sa lubricité mais de se confronter aux misères du libertinage et à l'excès de l'amour.

©2024 Babylone IMM

Search