Singuliers Pluriel
M. Corcos – D. Hurvy
Pouvoir toujours accueillir « naïvement » le cadeau
que vous fait celui qui ose,
poussé par son profond besoin de s’extraire de soi,
et la fragile intention de se représenter à vous.
Accepter d’être enchanté sans céder à la tentation de vouloir expliquer
et même peut-être comprendre.
Aimer ce qu’on reçoit, sans chercher à le ramener à soi,
peut suffire à faire sens.
Aimer les singuliers qui disent le pluriel,
Aimer le pluriel qui ne tait pas les singuliers
Trouver un sens commun…
même si avant nous il n’y avait personne de semblable
Et qu’après nous il n’y aura personne de semblable.
Certaines des fresques ici présentées sont traversées et structurées par une image commune
évoquant celle de la spirale.
Spirale faite de lignes de suites frontières, et de lignes de fuites ondoyantes,
qui séparent le dedans et le dehors, le sacré et le profane,
mais avec cette torsion particulière qui fait qu’en cheminant
on peut passer d’un bord à l’autre sans s’en apercevoir et dessiner les lignes d’une innocente fantaisie rêveuse.
Un peu comme à l’adolescence, en prise et en proie aux métamorphoses,
quand on est obligé à un retournement sur soi pour mieux se déployer,
et que l’on refuse un temps de ne faire qu’avancer,
pour dans un suspens, une pause…
transformer la contrainte à grandir en envie.
Alors tout, parfois, s’inverse, se renverse, se déverse
puis se rétablit en un équilibre nouveau,
mouvant, vivant, riant de ses vertiges.
Les débords d’énergie s’organisent,
Le désordre s’harmonise.
La déchirure se fait ouverture.
Les pigments font violence avant de pailleter de plaisir.
La trace se fait empreinte et piste.
L’objet vit sa dérive
où le détournement se fait loi
et la logique de l’avenir est du hasard.
Le visage se masque bien sûr,
mais la peinture devient face,
pour peu que les couleurs reprennent leur souffle.
Le corps se cherche des blasons bien sûr, et parfois devient fétiche ou totem,
Mais le difforme crée la beauté d’une figure enfin visible…
Une figure en chemin vers soi qui a besoin de temps.
L’art alors ne reflète plus la lutte mais l’accomplissement.
Avec lui le temps n’est plus linéaire mais rond et spiralé…
il se répète mais se déplace…
L’art est
une saisie d’un réel polymorphe de formes et de couleurs,
un apaisement à la démesure,
une extériorité repliée sur elle-même créant une poche secrète et attractive,
une question sans réponse mais non sans solution,
un pli en appel d’ouverture,
un creux qui se veut niche en son champ d’attraction,
un humour sérieux, qui fait sa fête à la tristesse, en un désespoir joyeux.
Il cherche les points de passage entre les contraintes,
l’union des incompatibles, un pont entre soi et l’autre.
Entre Soi si singulier et la multitude si plurielle, des Autres.
Il met au jour l’autre en soi.
L’IMM est un lieu de passage pour la reconnaissance de certains inclassables,
le lieu d’un commencement ou
d’un recommencement quand on aime a y passer deux fois et plus.
Ils viennent à nous,
répondons leur en allant les voir et complimenter.